HVO, le “Diesel” de Transition pour les Véhicules Lourds et Industriels ?

Dans un contexte où la décarbonation du transport lourd et industriel devient une priorité, l’HVO (Hydrotreated Vegetable Oil) — aussi appelé diesel renouvelable — s’impose comme une alternative sérieuse au gazole fossile. Flexible, performant et plus propre, ce carburant de nouvelle génération pourrait bien incarner la solution de transition idéale pour les flottes de poids lourds et les véhicules industriels.

Pourquoi s’intéresser à l’HVO ?

1. Une réduction immédiate des émissions
   L’HVO est issu de matières premières renouvelables (huiles végétales usagées, graisses animales, etc.) et permet de réduire les émissions de CO2 jusqu’à 90 % par rapport au diesel classique, selon une analyse du cycle de vie complète (“well-to-wheel”) intégrant production, transport, distribution et combustion [Source : ADEME, 2024]. Contrairement à d’autres solutions en développement, il est immédiatement opérationnel et déjà distribué sur le marché européen par plusieurs fournisseurs majeurs comme Neste, TotalEnergies ou Altens…
2. Compatibilité avec les moteurs existants
   Un des atouts majeurs de l’HVO est sa compatibilité avec la majorité des moteurs diesel récents, sans modification technique. Il peut donc être utilisé immédiatement, sans nécessiter d’investissements supplémentaires en infrastructure, en matériel roulant ou en formation. Cette compatibilité « plug & play » permet une adoption rapide et à moindre coût pour les gestionnaires de flottes, ce qui en fait une solution concrète et réaliste pour enclencher sans délai une transition vers une logistique plus propre [Source : TotalEnergies, 2023].
3. Qualité et performance élevées
   L’HVO présente un indice de cétane supérieur à celui du diesel fossile, améliorant la combustion et réduisant les émissions de particules fines et d’oxydes d’azote (NOx). Il est aussi plus stable en stockage car il se dégrade moins rapidement dans le temps, même en conditions de température ou d’humidité variables. Contrairement au diesel fossile, il est moins sujet à l’oxydation, à la formation de sédiments ou à la contamination microbienne, ce qui en fait une solution particulièrement adaptée pour les flottes à usage intermittent ou pour le stockage longue durée [Source : Neste, 2023].

Les limites à prendre en compte

• Disponibilité limitée : La production mondiale d’HVO reste actuellement inférieure à la demande potentielle. Son accès peut être régionalement contraint. Toutefois, la tendance est à la hausse : des investissements significatifs sont en cours, notamment par TotalEnergies, qui après avoir lancé une unité de production à La Mède (près de Marseille), a entamé la construction d’une seconde usine dans les Hauts-de-France. Ces initiatives témoignent d’un avenir prometteur pour l’augmentation des capacités de production à l’échelle européenne.
• Coût plus élevé : Le prix au litre de l’HVO reste supérieur à celui du diesel, notamment dans les stations publiques (en nombre très limité actuellement) où le prix officiel belge du Diesel XTL (dont fait partie l’HVO) est jusqu’à 1,5 fois plus cher que le Diesel B7. Toutefois, cette différence est bien moindre pour les entreprises disposant de stations privatives : en Belgique par exemple, le différentiel d’achat en vrac HTVA peut descendre sous la barre des 20 centimes par litre, selon les fournisseurs. Cette tendance à la réduction de l’écart pourrait s’accentuer avec la hausse de la demande, l’expansion de la production et d’éventuels soutiens étatiques (sous forme de subventions ou incitants fiscaux). Par ailleurs, comme le diesel fossile, l’HVO est éligible à la récupération de l’accise spéciale sur le Diesel professionnel, ce qui améliore encore sa compétitivité économique pour les transporteurs [Sources : SPF Finances, 2025 ; Informazout, 2024].
• Risque de concurrence avec d’autres usages : L’utilisation d’huiles alimentaires usagées peut entrer en conflit avec d’autres secteurs (chimie, alimentation animale, etc.). Par ailleurs, certains experts soulignent que la production massive d’HVO nécessiterait, si elle s’appuyait sur des cultures dédiées, une mobilisation importante de surfaces agricoles. Cela pourrait accentuer la pression sur les terres arables et créer des conflits d’usage avec la production alimentaire humaine et animale, soulevant ainsi des questions éthiques et environnementales dans une logique de durabilité à long terme. Cependant, au niveau européen, les poids lourds et véhicules industriels représentent environ 40 à 45 % de la consommation totale de gazole routier [Source : European Environment Agency, 2023]. Prioriser l’usage de l’HVO à ce segment spécifique, plus difficilement électrifiable à court, voire moyen terme que les véhicules légers, permettrait de limiter la pression sur les ressources agricoles tout en maximisant immédiatement (et sans aucun investissement pour les consommateurs et les distributeurs) l’impact environnemental du carburant renouvelable. Cette approche ciblée ne contribuerait-elle pas à atténuer les inquiétudes relatives à une production durable à plus grande échelle ? Cela mériterait certainement une analyse plus approfondie.

Un levier stratégique pour les flottes en transition

Pour les entreprises souhaitant amorcer une transition énergétique rapide sans renouveler toute leur flotte, l’HVO constitue un levier stratégique pertinent. Il peut être introduit progressivement, sur certaines lignes ou pour certains clients exigeant une logistique bas-carbone.

Chez Tele-Naro, nous accompagnons cette mutation avec nos outils de suivi multi-carburants. Notre plateforme permet de distinguer les carburants fossiles des carburants renouvelables, de suivre les émissions de CO2 évitées et d’automatiser les reportings environnementaux. Plusieurs de nos clients ont déjà franchi le pas, séduits par la possibilité d’adopter immédiatement une solution de transition efficace sans nécessiter d’investissements en véhicules, ni d’importantes modifications d’infrastructure. Les demandes pour la mise en place de stockage et de distribution en station privée de HVO sont en nette croissance, preuve que cette alternative trouve rapidement sa place dans les stratégies de transition des flottes professionnelles.

Une transition pragmatique et déjà à portée de main

Si l’électrification, l’hydrogène ou d’autres innovations de rupture dessinent les contours d’un avenir plus lointain, l’HVO représente une réponse de transition immédiate, réaliste et pragmatique aux enjeux actuels. Sa facilité d’intégration, son accessibilité croissante et son impact mesurable sur les émissions en font un levier stratégique pour décarboner dès aujourd’hui le transport lourd et industriel.

Sources :

• (2024). Carburants alternatifs : enjeux et perspectives.
• (2023). HVO100, un biocarburant pour les professionnels.
• (2023). Renewable Diesel Handbook.
• Transport & Environnement. (2024). L’HVO dans la transition énergétique.
• European Environment Agency. (2023). Greenhouse gas emissions from transport in Europe.
• SPF Finances. (2025). Accise spéciale sur le gazole professionnel.
• (2024). Prix et tendances des carburants liquides professionnels en Belgique.